La piscine Nakache

Elle est située sur le boulevard Riquet qui longe le canal du Midi, à deux pas des allées Jean Jaurès. Elle porte le nom d’Alfred Nakache, un champion français de natation.

Le 7 juillet 1941, il bat le record du monde du 100 mètres brasse. Professeur de gymnastique dans un prestigieux lycée à Paris, il doit quitter son poste quelques semaines après son record du monde, car il est juif. En zone occupée, il est interdit d’occuper un emploi public pour les juifs. Il a longtemps pensé que son statut de vedette le préserverait, mais, héros de la France de Vichy à la suite de son exploit, sa situation s’est dégradée petit à petit. Il est sifflé, conspué et se fait traiter de sale juif.

En décembre 1943, il est arrêté et déporté avec sa femme et sa fille à Auschwitz, où il arrive le 23 janvier 1944. Pendant le sinistre tri sur le quai d’arrivée, un officier SS le reconnaît et lui indique le côté gauche, celui des hommes valides qui ont le droit de survivre. Sa femme et sa fille sont dirigées vers le côté droit, celui dont on ne revient pas.

clip_image004Il résiste aux mauvais traitements. Un jour, il est humilié par ses gardiens qui l’obligent à aller rechercher avec les dents un poignard qu’ils ont jeté au fond de la piscine.

En janvier 1945, l’armée rouge approche et le camp est évacué. Alfred Nakache participe à la marche de la mort qui mène les survivants des camps d’extermination vers ceux d’internement.

Il se retrouve à Buchenwald et il est libéré en avril.

Il revient à Toulouse, reprend l’entraînement et retrouve son titre de champion de France à l’automne 1945, lors des premiers championnats d’après guerre.

En août 1946, il bat un record du monde de relais avec ses camarades du club toulousain et participe aux jeux olympiques de 1948.

Cela paraissait incroyable après tout ce qu’il avait subi, mais comme la plupart de ses contemporains, Nakache avait été un otage pris dans le nœud coulant de son époque.

Il est mort le 4 août 1983.

Jean-Paul HUART