Editorial (beffroi juin 2011)

JOLI MOIS DE MAI…

Reçu par mail, fin mai :

Nous vivons une époque vraiment merveilleuse. Avez-vous remarqué que nous venons de vivre un mois formidable ? Un véritable conte de fée…

……….- le méchant a été tué,

……….- le prince s’est marié,

……….- Blanche Neige est enceinte d’un nain,

……….- et Gargamel est en prison !

Si ce mail m’a fait rire (jaune), il n’engendre pas vraiment la joie.

L’événement le plus important et dont on a peut-être le moins parlé, c’est la mort de Ben Laden, sans doute parce qu’on a balancé sa dépouille à la mer presque en catimini. Au moins ne pourra-t-on pas reprocher aux américains d’avoir traité leur ennemi mort sans respecter ses croyances. De source sûre, ils l’auraient jeté à l’eau tourné vers La Mecque (en espérant que les vagues et les courants n’étaient pas trop contraires) en scandant : « Hallah une, Hallah deux et Hallah trois ! »…

Plus sérieusement, l’absence d’images semble avoir tari le sujet à sa source. Un procès pour crime contre l’humanité, tel celui de Nüremberg en son temps, eut sans doute été plus judicieux que cette exécution à la sauvette qui a un goût de vendetta.

En ce qui concerne le mariage du prince William, la grossesse de la Première Dame de France et les aventures hôtelières du Président du FMI, vous remarquerez que ces sujets à sensation concernent essentiellement le sexe et que plus ces sujets sont scabreux, plus on en parle dans les médias. Avec DSK on atteint des sommets si l’on considère que jamais, dans l’histoire de la presse, un événement n’avait déclenché une telle débauche d’heures d’antenne à la télévision et à la radio, ni gâché autant d’encre et de papier dans les journaux, ni généré tant de trafic sur internet. Curieusement, le 11 septembre 2001 avait engendré moins de déchaînement médiatique que l’affaire DSK.

Le débat est aujourd’hui descendu dans la rue. Pour les uns, DSK est un criminel qui n’en est pas à son coup d’essai (si je peux me permettre), pour les autres, il est victime d’un coup monté (au sens propre comme au sens figuré, si je peux me re-permettre). Et les thèses s’affrontent, parfois avec violence, accusant l’innocent ou graciant le criminel, avec une légèreté qui frise l’indécence.

Tout ce que nous pouvons dire d’une affaire dont nous ne savons rien se résume à ceci : si les faits reprochés à DSK sont avérés, c’est déplorable, s’ils ne le sont pas, c’est tout aussi déplorable.

Pour l’heure, seuls les medias sont condamnables en nous entraînant sur des chemins incertains pour nous vendre du graveleux, du sordide.

Le mois de mai qui s’achève est d’une autre nature : c’est le mois du muguet, de la nature pleinement réveillée, de la sève montant dans les bourgeons, de la gent féminine espiègle dévoilant petit à petit ses charmes à l’approche de l’été, de la douceur printanière qui porte aux sens…

Je n’en dirai pas plus. Par les temps qui courent, mieux vaut parfois savoir se taire…

Jean-Marie DUMARQUEZ